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Une amitié qui mène au Népal

Un voyage dedans ma tête
Les préparatifs
Itinéraire
Montreal 13 mars 1998
Katmandhu 15 mars 1998
Lundi 16 mars 1998
Envolée pour Lukla
Album photo du Népal
 
Sur la Route de Namche Bazar
Le monde de la montagne
De Dingboche à Gorak Shep
Le Sommet du Kala Pattar
Sur le chemin du retour
Tempête de neige à Phortse
Le chemin du retour vers Lukla
Katmandhu, Patan et Baktapur

Népal 1998

17 mars Envolé pour Lukla

En ce mardi 17 mars 1998, nous nous préparons à franchir une autre étape importante, une parmi tant d'autres, car chaque étape est importante.

Aujourd'hui, nous nous envolons pour Lukla, porte de ce monde tant attendu. À bord d'un vieux Twin Utter un groupe d'une vingtaine de passagers, dont Claude et moi, s'envole sous des dehors d'indifférence feinte. Patrick viendra nous rejoindre quelques minutes plus tard, il fera le trajet dans un magnifique hélicoptère russe susceptible d'être mis au rancart à court terme.

À peine quelques minutes de vols suffisent à nous éloigner du secteur densément habité. Seules quelques habitations isolées rappèlent la présence d'humains vivant au fond de la vallée.

Le design des montagnes se complexifie, un vrai travail d'artiste. Tantôt volons au centre d'une vallée, tantôt nous frôlons la crête d'une montagne. J'espère que ces pilotes sont à la hauteur de leur réputation, car j'ai plus l'impression d'être à bord d'un taxi au centre ville, qu'à bord d'un avion.

Nous nous enfonçons au cœur de ce pays de montagnes, les sommets enneigés sont à proximité. Quelques minutes encore et nous pourrons presque leur toucher. J'en ai tellement plein la vue que j'oublie les secousses et surtout l'atterrissage qui nous attend, atterrissage dont la réputation n'est plus à faire.

Soudain on part en piqué, le pilote vient d'attaquer la descente, et je vous assure que le terme n'est pas trop fort. Je me penche aussitôt pour regarder à travers la lunette avant de l'avion. Lukla est juste devant nous à 1 ou 2 km. L'angle de notre trajectoire avec la piste doit être de 120°, si le pilote ne fait rien, nous nous enfoncerons très creux dans la montagne. Heureusement il engage l'avion dans une remontée agressive qui nous permet de toucher la piste presque en douceur. En deux temps trois mouvements nous voici au bout de cette minuscule piste en terre battue, sains et saufs, riches d'une autre expérience qui vaut d'être racontée.

Pasang Sherpa, le guide embauché par Patrick est au rendez-vous. La première impression est fort positive, ça commence bien. Une cohorte de Népalais attend ces nouveaux arrivants, ces clients potentiels. Ils sont plus d'un à nous offrir leurs services en même temps. Pasang veille au grain il leur signale que nous sommes ses clients à lui et il leur suggère d'aller chercher ailleurs. Il nous conduit aussitôt dans un lodge situé à proximité de l'aéroport. Il nous y laisse pour aller accueillir Patrick dont on entend le bruit de son transporteur.

Nous faisons la connaissance des Népalais qui nous entourent. Nous commandons du thé et nous prenons conscience que nous venons de mettre le pied dans le merveilleux monde de la montagne.

Au retour de Pasang, les négociations pour embaucher des porteurs s'engagent. Ils nous demandent 500 roupies par jour plus l'hébergement et le couvert. Ils sont jeunes forts et fiables. Ils peuvent porter facilement 50 kg et plus, sans toutefois excéder 60 kg. De plus, ils sont rapides.

Nous leur offrons 400 roupies pour 2 porteurs, ils prennent eux-mêmes en charge leur gîte et couvert. Par contre avec nous, ils ne travailleront pas fort. Nos bagages ne font que 19 kg chacun, nous marchons lentement et nous avons prévus quelques journées d'acclimatation où ils seront libres de faire ce qu'ils veulent, tout en étant payé.

Nous ne voulons pas être radins et ni les exploiter mais nous voulons payer le juste prix. Malheureusement nos références occidentales ne sont d'aucune utilité. Le revenu annuel moyen des Népalais est le l'ordre de 225$ et les gens de montagnes ne travaillent pas 12 mois. Alors ????

Après leur avoir exposé nos arguments ils acceptent pour la somme de 300 roupies (7 $ cdn) par jour par porteur, hébergement et couvert inclus. On était avisés de ne pas se fier à la taille, ça mange considérablement ces petits hommes là.

On a constaté rapidement que, lorsqu'ils ont des arrangements comme les nôtres, ils ne paient ni l'hébergement ni leur nourriture. Ils nous amènent coucher dans des lodges où ils ont des ententes établies. Alors tout le monde est content.

La petite caravane (7) part, les porteurs au pas de course.

Dur dur le premier contact avec la montagne. Moi qui croyais léviter durant tout le voyage, ah que non ! On marche et ce n'est pas donné, chaque pas demande un effort et nous ne sommes qu'à 2800 mètres. C'est plus difficile que je ne l'avait anticipé.

Ça ne fait rien, ce n'est pas l'extase attendue mais c'est le bonheur. C ‘est un peu comme faire l'amour. Tu sais quand tout se fait en douceur et que ça dure longtemps.

Pasang a évalué à environ 2½ hres le temps nécessaire pour se rendre à Phakding, village situé à 6 km. Nous en avons mis 4. C'est probablement dû à la chaleur et à la fatigue plus qu'à l'attitude. On arrive rompus, j'ai en plus mal à la tête, le tout devrait s'arranger avec 2 Aspirine et un bon souper.

Or ce n'est pas le cas. En me couchant à 8hre je serai frais et dispos pour le départ à 9hre demain matin. Nul environnement ne semble pouvoir être plus approprié pour nous remettre sur pied, un charmant petit lodge sans eau, ni électricité, ni chauffage, ni douche, avec une rudimentaire bécausse dans la cour avant, le tout pour 25 roupies par nuit en chambre semi-privée ou 10 roupies en dortoir.